Mise à jour : 21 04 2012
CONTEXTE. Xè Biennale d’art contemporain de Lyon (2009). A la Fondation Bullukian (place Bellecour, côté rue Victor Hugo), Laura Genz a accompagné la protestation des sans-papiers à Paris comme aurait pu le faire une journaliste. Mais au lieu d’écrire un article, elle ou raconter son expérience à la radio, elle a dessiné chaque jour ce qu’elle voyait. Ce faisant elle a donné au mouvement une charge émotionnelle qui fait mouche.
Un rescapé du génocide arménien
FONDATION BULLUKIAN. Le dépliant de la Fondation raconte que Napoléon Bullukian est né en Arménie en 1905. Il a survécu au génocide de son peuple par la Turquie en 1915, a été vendu comme esclave avant, imagine-t-on, de s’échapper et de réussir à se réfugier en France dans la région lyonnaise comme beaucoup d’autres Arméniens, installés en particulier à Villefranche-sur-Saône. Le dépliant nous dit qu’il a ensuite développé une activité importante dans les domaines de la construction, de l’industrie et de la recherche. Mécène et collectionneur, Napoléon Bullukian a investi une partie de sa fortune dans les œuvres sociales arméniennes, aidant aussi les artistes avec lesquels il avait noué des relations d’amitié. Il est mort en 1986.
Laura Genz, une artiste engagée
PORTRAIT DE L’ARTISTE. Le catalogue de la Biennale ne nous apprend pas grand-chose sur l’artiste sinon qu’elle a fait de longues études supérieures sans rapport avec l’art avant de se consacrer au dessin en même temps qu’elle continue d’exercer son métier pour vivre. Elle est installée à Paris.

Laura Genz, dessin. 407e jour (12 juin 2009) – « L’exposition itinérante » organisée sur 3 jours par les étudiants de l’IRTS
Chaque jour que dure la protestation, Laura Genz, que l’on voit de dos sur la photo au-dessus, accroche ses dessins l’un derrière l’autre au mur et écrit dessous un texte qui court entre les rangées comme un fil conducteur.
Hier colonisés, aujourd’hui exploités, demain régularisés

Laura Genz, dessin. 416e jour (21 juin 2009) – « Les banderoles de concert », mise en scène - Les Journées de la Bourse du Travail occupée du 2 mai 2008 au 24 juin 2009, jour où la CGT les en expulsa de force
Hier, hier…, aujourd’hui, demain, demain…
Tout est à nous, rien n’est à eux
Le dessin pour illustrer l’aventure d’une revendication réussit beaucoup mieux que la photographie à en restituer la dignité et le caractère. Le dessin fait des immigrés sans papiers des personnages symboliques d’une épopée, un enfant endormi ressemble au petit Jésus. On a l’impression de regarder des scènes bibliques.
Une revendication satisfaite ?
Pour exister, l’Europe des peuples devrait se pencher en priorité sur la question séculaire de ses relations avec l’Afrique.
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